lundi 24 novembre 2008

No Sex Last Night


J'avais 17 ans et j'allais au cinéma seule..
Je n'avais pas à faire de compromis sur le choix du film (je n'aimais pas trop les compromis à l'époque).
Je n'avais pas à parler du film après autour d'un café pseudo philo (je n'aimais pas trop parler à l'époque).
Je n'avais pas à prétende que ton avis m'importe (je n'aimais pas trop les gens à l'époque).

C'est à cet âge que j'ai vu le film "No Sex Last Night" de Sophie Calle.
Une fille part en road trip avec un garçon espérant pendant tout le voyage qu'ils vont passer une nuit de sexe torride, au moins une.. Ca en devient une idée fixe, chaque matin elle nous répète la même phrase "No Sex Last Night"..
Le spectateur est d'abord exité par le jeu, puis se lasse, puis prend pitié...à ce qu'il parait...parceque moi à l'époque je n'ai pas compris son obession, je l'ai même trouvé plutôt pathétique.
Pourquoi le sexe avait-il autant d'importance? Pourquoi elle ne pouvait pas just enjoy the ride.. et la compagnie du garçon..
Pour moi elle passait à côté de l'essentiel..

Un an après, je suis tombée amoureuse, j'ai découvert le véritable intérêt du sexe (car oui croyez-le ou pas je ne suis pas une fan du sexe sans amour) et je me souviens avoir pensé à Sophie Calle lors de mon premier orgasme (elle serait ravie de le savoir).
Il m'a été donné et j'en serai reconnaissante ou tributaire toute ma vie, par mon premier amour..
Soudain, les priorités de la vie change, il y a cette nouvelle drogue à gérer et comme toute drogue, il y a la période de consommation euphorique puis la peur d'être en manque, le manque lui-même, les attentes déçues, le lendemain matin après l'ivresse de la vieille..
Si j'avais su.. ben bien sûr je l'aurais quand même fait..

Je voudrais apprendre à ne pas en faire une obsession comme Sophie Calle.. comme elle ce n'est pas l'acte en lui-même qui occupe mes pensées (parcequ'en réalité je n'ai d'interet pour le sexe qu'au moment où je vois la personne qui m'attire, là je me dis "hey baby how are you doing?"), ce à quoi je pense all the time c'est tout ce que cela implique, tout ce qu'il y autour ou qu'il n'y a pas d'ailleurs.. et c'est pesant.. J'ai l'impression d'être un vraie cliente de Cosmopolitan et autres magasines portrayant (ça se dit?) ces femmes qui arrive à la trentaine et se disent mais pourquoi on ne couche pas ensemble? Qu'est-ce qui se passe? Notre couple est-il mort? Où suis-je? Oh mon Dieu, j'ai pris une ride, heureusement il y a cette pub pour anti-rides, tiens j'achèterais bien ces sachets amaigrissants au passage, pis mettez-moi aussi cette nouvelle solution dentaire..).
La dépendance en général me rend malade.
Alors faut-il consommer tout le temps pour oublier ce que c'est de ne pas en avoir..
Then what?

Il y a-t-il une conséquence au fait que je n'ai pas eu mon premier orgasme juste dans un acte de pur sexe mais dans un moment qui impliquait des sentiments, de l'amour..
Dans le cas contraire, n'aurais-je pas juste besoin de pick up anybody dans un bar pour avoir mon fix?
Cela ne m'a-t-il pas conditionner à impliquer trop de sentiments dans l'acte sexuel et par là même ressentir un manque d'amour dans un manque de sexe?

Parfois, j'aimerais avoir 17 ans again, revenir à cette époque où Sophie Calle me semblait faible et dépendante pour oublier que c'est exactement ce que je suis devenue..

A part ça, ça va. :)

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